Orateur
Description
Les organisations de la société civile sont considérées comme des « forces en faveur de la paix » qui favorisent l’interaction interethnique (Van Leeuwen 2008) et des agents de la réconciliation dans les sociétés déchirées par les guerres (Vervisch et Titeca 2010). Au sujet du projet de la réconciliation au sein de la société burundaise, les organisations de la société civile burundaise ont plaidé pour la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle conformes à l’Accord d’Arusha et ont mené des activités de sensibilisation de la population sur cette thématique cruciale (Birantamije 2017). De leur côté, les autorités gouvernementales essayaient subtilement d’accuser certaines organisations de la société civile de rouler pour des intérêts des Tutsi. Si certaines dynamiques intrinsèques à la société civile pouvaient soutenir cette allégation, il était difficile d’établir de façon systématique son caractère ethnocentrique.
Depuis 2015, à la suite de la crise liée à la quête du nouveau mandat par le Président Pierre Nkurunziza, certaines prises de position des activistes de la société civile ont jeté le doute sur leur capacité à transcender les clivages issus de la longue expérience des conflits interethniques. Cela s’est accentué avec l’émergence au sein de la sphère de la société civile, des organisations qui, dans des termes à peine voilés instrumentalisent le clivage politico-ethnique prégnant au sein de la société burundaise pour atteindre leurs objectifs.
Cette réflexion tente d’interroger les capacités des acteurs de la société civile burundaise à contribuer à la réconciliation des burundais. Nous tentons d’explorer leurs positionnements par rapport aux clivages politico-ethniques qui marquent la société burundaise pour analyser dans quelle mesure la société civile burundaise peut apporter sa pierre à l’édifice de la réconciliation pour une société juste, durable, apaisée et ouverte à tous.