Orateur
Description
Dans l’histoire postcoloniale africaine, le « développement » a été une préoccupation majeure et l’expérience euro-américaine était censée déterminer la voie du développement en oubliant que les visions du monde, les cultures et les conjonctures historiques apportent leur impact déterminant sur la notion de « développement ». Le désenchantement des grandes recettes a réveillé les penseurs africains qui ont finalement compris qu’il fallait décoloniser les sciences sociales africaines et articuler les stratégies de développement sur l’historicité africaine, c’est-à-dire sur sa capacité de produire ses orientations sociales et culturelles à partir de son activité et de donner un « sens » à ces pratiques. Cette révolution culturelle doit être un travail de lucidité critique afin de démultiplier les possibilités qui existent, c’est une contre-offensive intellectuelle qui doit refuser la subordination esthétique, épistémologique, axiologique et normative dans le but d’apporter un réel changement de paradigme dans le corpus intellectuel africain.
En stigmatisant avec audace et caractère le bon vieux réflexe de l’Occident dictant son paradigme contre natures et cultures des autres peuples, le Philosophe français, Edgar Morin vient renforcer, à la suite du savant sénégalais, Cheikh Anta Diop, les voies d’un nouvel humanisme planétaire. La pensée complexe ruine désormais tout l’édifice du sociologiquement correct qui reposait sur la partition des sociétés humaines en entités distinctes, catégorisées et indépendantes, parafées à une hiérarchisation des savoirs réduits au calcul froid des traditions capitalistes. Avec Edgar Morin, il y a donc une chance pour l’Homme moderne du Nord de subir une mutation spirituelle et d’y rejoindre l’Homme du Sud adossé à ses traditions proches de la nature, sous-exploitées pour des raisons culturelles.
Mots clés : Afrique, Tradition, Modernité, Culture, Historicité, Développement.